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Formateur de la formation professionnelle des adultes

Quatre-vingtième article : l’anatomie d’un résultat souhaité

08 mars 2023

L’anatomie d’un résultat souhaité chez un client

Peut-être avez-vous remarqué comment parfois les clients commencent une séance en disant :

« Je veux avoir confiance en moi »

tandis que d’autres fois, c’est plutôt :

« Je veux commencer à me sentir dans la possibilité de peut-être un jour me connecter avec le début de ressentir quelque chose comme de la confiance »

La façon dont le résultat souhaité est formulé nous en dit long sur la façon dont le client est actuellement lié au résultat souhaité, et il y a des indices dans cette première phrase qui nous disent à quoi pourrait ressembler le processus de déroulement.

J’adore comment le système d’un client ne peut s’empêcher de nous montrer ses structures d’organisation et de création de sens.

On pourrait dire que plus le « je » est proche du mot qui représente ce que veut le client, plus il est proche en ce moment précis de pouvoir spirituellement, physiquement, mentalement, émotionnellement créer ce résultat pour eux-mêmes.

Bien sûr, une partie de notre objectif dans une séance de coaching est de combler le fossé métaphorique entre l’endroit où se trouve le “I” ou intention au début d’une session et ce qu’ils veulent appeler.

Lorsque vous commencez à explorer cela avec votre client, commencez par explorer son véritable désir, la « confiance » dans ces exemples.

Quel genre de confiance est-ce ? Quelque chose d’autre à ce sujet ? Où est-ce ?

Si vous en êtes capable, développez ceci en une métaphore.

Ensuite, allez-y pour le processus qu’ils ont identifié :

“Quel genre de gain, c’est gain, quand tu veux avoir confiance en toi ? “

– mettre ça en métaphore

– ou mieux encore, un processus, une séquence exprimée en métaphores incarnées.

C’est le moyen le plus rapide d’aider les gens à créer ce changement intérieur dans la session, et de poser les bases pour que ce changement dure.

Ou, dans le deuxième cas :

Et quel genre de “commence à se sentir dans la possibilité de peut-être un jour se connecter au début de sentir quelque chose comme de la confiance” est-ce ? – cela va faire reconsidérer le client et se concentrer sur ce qui est vraiment le plus important en ce moment.

Bref :

Souvent, vous commencez par explorer la chose la plus éloignée du « I » l’intention dans la déclaration de “DO” , “le faire”, surtout quand il y a beaucoup de mots de remplissage entre le I “l’intention” et le désir réel.

Plus ce désir est proche du « je », moins le client se donne d’espace pour se cacher de ce qui est délicat dans ce résultat désiré particulier.

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Soixante-dix-neuvième article : Comment une bonne réponse de qualité est essentiel pour un chef d’entreprise

Les dirigeants obtiendront des réponses beaucoup plus utiles s’ils apprennent l’art de poser des questions « propres ». Heather Cairns-Lee , James Lawley et Paul Tosey expliquent comment faire.

Poser de bonnes questions est essentiel pour être un chef d’entreprise. Mais comment pouvez-vous être sûr que les réponses que quelqu’un donne reflètent fidèlement ses véritables pensées ? 

La solution que nous recommandons est d’utiliser les principes de l’entretien en langage clair (CLI)

– une approche pour poser des questions visant à obtenir des réponses authentiques sur les pensées et les expériences d’une personne. 

En entreprise, CLI est un outil utile pour améliorer la qualité de l’information dans les situations formelles et moins structurées.

CLI implique trois principes. 

Premièrement, minimiser l’utilisation des propres termes et hypothèses de l’interrogateur

Deuxièmement, utiliser la langue exacte de la personne interrogée pour s’enquérir de ses pensées et de ses expériences. 

Et troisièmement, poser des questions qui donnent à la personne un maximum de liberté pour exprimer ses réponses.

Vous pensez peut-être : « Je le fais déjà. Et vous avez peut-être raison, mais seulement dans une certaine mesure. Même les personnes très expérimentées pour poser des questions apprécient rarement à quel point leurs propres points de vue et hypothèses peuvent involontairement «fuir» dans une question.

Comme les dirigeants ont une autorité importante, cela est aggravé par «l’effet d’acquiescement», par lequel les gens répondent avec ce qu’ils croient que l’interrogateur veut entendre.

Nous sommes tous enclins à poser des questions suggestives . 

Les préjugés dans les questions proviennent de trois choses :

  1. les propres termes de l’auteur de la question,
  2. leurs hypothèses
  3. et leurs jugements de valeur. 

Par exemple, supposons qu’un employé dise à son responsable : “Nous devons prendre certaines mesures pour maintenir les normes de qualité”, et en réponse, le responsable demande : “Que doit changer votre service pour s’améliorer ?”

Cette question (1) introduit les propres termes du manager en utilisant le mot « changement » plutôt que de s’enquérir des « actions » auxquelles l’employé pense ;

 (2) suppose que « nous » fait référence au service de l’employé ;

et (3) implique un jugement de valeur, que le département “doit s’améliorer”, ce qui pourrait conduire à une réponse défensive.

Ce qui distingue CLI des autres méthodes, c’est qu’il supprime les biais potentiels des questions. 

Cela augmente les chances que la personne interrogée apporte sa propre vision de la question

– ce qui pourrait fournir des connaissances importantes et des opinions subjectives non exprimées.  

Bien que les origines de CLI se situent dans la psychothérapie, ses principes et méthodes sont largement applicables dans d’autres contextes

– y compris les affaires, le coaching, la résolution de conflits et les études de marché. 

En adoptant les techniques CLI, les personnes à tous les niveaux peuvent obtenir un meilleur accès aux informations dont elles ont besoin pour faire leur travail selon les normes les plus élevées.

Nettoyer vos questions

L’utilisation de «questions claires», qui sont aussi libres que possible des termes, des hypothèses et des jugements de valeur de l’interrogateur, est au cœur de CLI.

De telles questions visent à diriger l’attention de l’interviewé sans lui attribuer de sens ni suggérer de réponses. 

La création de telles questions nécessite de suivre quelques directives :

D’abord, utilisez les mots de l’autre personne. 

Paraphraser dans les questions de suivi

– reformuler une idée en croyant que cela la rendra plus claire ou lui donnera plus d’impact

– est en fait plus susceptible de déformer le sens et de réduire la compréhension. 

Changer les mots change le sens. Rester proche des mots exacts, y compris les métaphores, utilisés par quelqu’un dans une conversation

– avec respect et sans « perroquet » robotique

– préserve le sens de cette personne.

Deuxièmement, supprimez les hypothèses qui indiquent le type de réponse qu’un questionneur pourrait rechercher. 

Par exemple, demander « Comment devrions-nous éliminer ce problème ? » suppose que l’élimination est nécessaire. Cela est susceptible de limiter la portée de la réponse d’un répondant, et lorsqu’une personne en autorité le lui demande, il peut s’avérer particulièrement difficile pour le répondant d’être en désaccord (l’« effet d’acquiescement »). 

Une question plus propre serait: “Et quel genre de problème est-ce?” 

L’utilisation de CLI nécessite de la pratique pour remarquer et réduire les hypothèses qui se glissent si souvent dans la façon dont les gens posent des questions.

Troisièmement, évitez de transmettre l’opinion de l’interrogateur. Cela peut se produire simplement en exprimant la surprise, par exemple, “Qu’est-ce que c’est, vous n’allez pas atteindre votre objectif !?”

Autres applications de la CLI

L’utilisation de base de CLI décrite ci-dessus peut être appliquée à presque toutes les conversations ou situations nécessitant des informations de haute qualité, simplement en incorporant des questions claires partout où elles sont utiles ou pertinentes. 

CLI est riche en possibilités supplémentaires. Non seulement il existe plusieurs niveaux auxquels il peut être utilisé, mais également des possibilités d’application infinies. Beaucoup ont déjà fait leurs preuves, comme détaillé dans notre livre, Clean Language Interviewing.


Sur un canevas plus large, les principes CLI peuvent être appliqués dans les études de marché ou d’autres projets d’investigation (de la conception et de la planification à la collecte de données, à l’analyse et au reporting) pour produire des conclusions sur lesquelles les gens peuvent se sentir plus confiants.

CLI peut être particulièrement utile dans les situations de conflit, aidant un questionneur à mieux comprendre les points de vue des personnes impliquées

– particulièrement important s’ils sont l’une des parties impliquées ou souhaitent maintenir la neutralité.

CLI est également un outil important dans la gestion de la diversité. Son utilisation dans les évaluations, par exemple, peut aider à rendre les procédures beaucoup moins sensibles aux formes involontaires de biais. 

Cela peut permettre l’émergence de différentes perspectives, y compris de personnes d’horizons différents à l’auteur de la question. Il peut s’agir de personnes ayant des antécédents sociaux ou éducatifs différents, avec différents types d’expertise, ou d’une autre culture ou d’un autre pays.

Conseils clés pour les chefs d’entreprise

Avec les possibilités d’apprentissage qu’elles offrent et une meilleure connaissance de soi, les techniques CLI sont très pertinentes pour les chefs d’entreprise.

CLI est particulièrement utile pour éviter l’auto-tromperie ou le biais de confirmation en recherchant des preuves, même inconsciemment, qui soutiennent les croyances ou théories existantes ou préférées. Au lieu de cela, les dirigeants peuvent ouvrir des dialogues dans lesquels la personne à laquelle ils s’adressent peut parler selon leurs propres termes. Lorsque cela se produit, la personne peut rechercher ses propres idées plutôt que de réagir aux hypothèses de son interlocuteur.

De plus, une prise de conscience de CLI permet aux personnes ayant plus de pouvoir de se mettre à la place de celles qui sont moins puissantes. 

Les personnes qui apprennent à poser des questions en langage clair acquièrent souvent une meilleure compréhension de l’influence que leurs mots ont sur les autres. 

Cela peut les aider à éviter les préjugés et à communiquer avec les autres avec une véritable curiosité.

Pour vous documenter sur le langage Clair , je vous suggère de visionner la vidéo interview du Dr Caitlin Walker

Vous avez une pratique de chef d’entreprise à me partager envoyez moi vos questions et préoccupations dans l’onglet échangeons

Soixante-dix-huitième article : Petite histoire du Clean Language

Saison 1 : De l’origine à l’émancipation

Origine

Des années 80 aux années 90, David Grove, néo-zélandais, a mené une carrière réussie en tant que psychothérapeute spécialisé dans les traumatismes associés aux vétérans du Vietnam et aux victimes de viol et d’inceste. Il a travaillé dans le monde entier avec sa femme Cai à partir de leur lieu de retraite aux États-Unis.
La thérapie par les métaphores qu’ils ont développée utilisait le Clean Language qui évitait de re-traumatiser le client, une approche innovante à l’époque où l’on croyait généralement que les thérapeutes devraient amener leurs clients à revivre leurs histoires.

Dans les années 90, David Grove et Cai travaillent en Angleterre dans le Lake District. Penny Tompkins et James Lawley, deux formateurs expérimentés en NLP rencontrent David Grove et obtiennent son consentement le modéliser à condition qu’ils ne lui posent aucune question. Leur travail consistera à suivre ses interventions qu’ils enregistrent sur cassettes ! « Dans notre projet de modélisation de David Grove, en deux ans, nous avons découvert qu’il y a une autre façon de représenter notre monde interne et externe. Nous l’appelons le Modèle des Métaphores, et son « modus operandi » est le Clean Langage » (*)
À partir de leurs analyses, ils offrent leurs premières formations à Londres pour présenter le travail de David à un public plus large. Ils ont baptisé son travail « la modélisation symbolique ».

En 1995 Jennifer de Gandt rencontre David Grove lors d’une de ses retraites personnelles dans le Lake District en Angleterre. Ensuite elle suit Penny Tompkins et James Lawley à Londres. A l’issue de ces rencontres, elle leur demande d’introduire leur travail « la modélisation symbolique » en France et elle les invite à en faire une présentation au congrès NLP en 2000.

 (*) Less is More … The Art of Clean Language, Penny Tompkins and James Lawley (1997) https://www.cleanlanguage.co.uk/articles/articles/109/1/Less-Is-More-The-Art-of-Clean-Language/Page1.html

Premiers praticiens Clean

Jennifer de Gandt organise une première formation en modélisation symbolique à St Germain-en-Laye en mars 2001 pour onze participants dont Philippe Lemaire. La même année, elle commence une formation à Manosque. Marie et Richard Ouvrard, et Martine Sigal y seront formés comme facilitateurs. Jennifer de Gandt accompagnera ensuite Richard Ouvrard pour qu’il devienne formateur en modélisation symbolique.

Jennifer de Gandt organise ensuite des sessions de formation l’été chez elle à La Bouvetière en Normandie entre 2002 et 2005. Penny Tompkins, James Lawley, Phil Swallow et elle-même constituent l’équipe de supervision.

Les personnes formées par Penny Tompkins et James Lawley chez Jennifer de Gandt entre 2002 et 2005 sont :
Ariane Boucherle, Lynn Bullock, Lynne Burney, Sophie de Bryas, Silvie de Clerck, Noémie Dehouck, Catherine De Wulf, Laure Duthu, Nadine Lebeau, Philippe Lemaire, Myriam Mora, Bogena Piekiewicz, Eric von Saenger.

Le Clean se développe et publie en français

En 1997, Penny Tompkins et James publient leur livre sur David Grove «Metaphors in Mind», il sera traduit en français entre 2003 et 2006 par Ariane Boucherle, Sophie De Bryas, Jennifer de Gandt, Noémie Dehouck, Laure Duthu, Nadine Lebeau, Myriam Mora, Françoise Poinçon et Eric Von Saenger sous le titre de « Des métaphores dans la tête », », Dunod InterEditions 2006, réédition en 2017, Paris.

En 2003 Jennifer de Gandt reçoit David Grove en Normandie où il réalise de nombreuses expérimentations. En novembre 2004, David Grove invente le Salon de l’Emergence, un lieu de partage, de recherches et d’expérimentations. Ce travail sur les connaissances émergentes est toujours en cours lors des rencontres « Emergent Knowledge » où il continue à être élargi, partagé et exploité pleinement.

C’est dans cette période que Tania Korsak, Lynn Bullock, Lynne Burney, Noémie Dehouck, Bogena Pieskiewicz et Silvie de Clerk développent des liens directs avec David Grove qui les encourage à développer leurs propres applications.

En parallèle Penny Tompkins et James Lawley mettent en place des règles et des critères pour valider la connaissance de la Modélisation Symbolique qui deviennent une contrainte complexe pour certains participants en France. Cela conduit les membres du groupe à encourager Jennifer de Gandt à développer une communauté française en prenant de la distance avec Penny Tompkins et James Lawley pour favoriser et laisser la place au travail avec David Grove.

Phil Swallow continue cependant à venir régulièrement en France et en 2007 Penny Tompkins et James Lawley viennent présenter le modèle d’application P.R.O (Problème Remède Objectif).
Pendant cette période Penny Tompkins et James Lawley reviennent en France au sein de l’Institut Repère. Nadine ainsi que Noémie continuent à se former à leurs côtés.

Philip Harland qui a longtemps travaillé avec David vient aussi en France, son livre « The power of six » édité en 2009 répond à la demande de David Grove d’une synthèse sur ses derniers travaux. Maurice Brasher coordonne la traduction de son livre avec d’autres membres de la communauté Clean (Mathieu Barbier, Elisabeth Blot, Lynn Bullock, Sophie de Bryas, Silvie de Clerck, Noémie Dehouck, Catherine De Wulf, Laure Duthu, Jean-Pierre Fauchier, Tania Korsak, Nadine Lebeau, Philippe Lecomte, Philippe Lemaire, Myriam Mora, Denis Morin, Bogena Pieskiewicz). Il devient « Des solutions dans la tête » édité en 2017 chez Dunod InterEditions.

David Grove – Témoignage de Sophie de Bryas

Ce matin là, très tôt le téléphone me réveille, un long numéro s’affiche et une voix que je ne connais pas me demande si je suis Sophie, de France. Dans un anglais à fort accent et très émue une femme me dit que David – « just passed away ». Je me relève de mon lit soudain ébahie et lui demande maladroitement, car je ne veux pas croire ce que j’entends, « Do you mean he is dead ? » Elle répond positivement et donne des détails de son accident cardiaque qui a eu lieu aux États-Unis chez des amis que j’avais eu la chance de rencontrer. Le choc m’empêche de réagir ; j’ai juste le temps de confirmer que je vais transmettre la nouvelle à toutes les personnes qu’il a connu en France, que je ne peux y croire et que je suis effondrée de tristesse, ma gorge se noue, envahie de chagrin.

Mon numéro apparaissait dans son téléphone car il avait prévu de revenir à Paris et j’avais proposé de le loger. Jennifer étant en Inde, j’ai été appelée en premier et donc la seule ici à connaître le drame de son décès. Je contacte immédiatement Myriam Mora que je sais « être »une oreille réconfortante, l’information fait l’effet d’une trainée de poudre dans notre communauté et Lynne Burney propose même de passer me voir ; présence douce de ce morceau du monde d’où vient David, La Nouvelle-Zélande, qu’elle incarne aussi, pays que j’aime déjà sans le connaître.

De David au regard perdu-pétillant, je me souviens de plusieurs moments :

  • d’un déjeuner où je me retrouve à ses côtés et dont je ne comprends pas un seul mot de son discours, il semble parler à lui-même et former des idées tout en s’exprimant,
  • d’une nuit où je dormais au premier étage. Entendant des sons inconnus, je descends et vois David qui au rez-de-chaussée dans la cuisine, en pleine nuit, écoutait des cours de mathématiques debout au milieu de la cuisine,
  • de sa réponse lorsque j’étais hésitante à monter dans son gyroscope, son regard malicieux et mi-figue mi-raisin, tout en me disant qu’au grand jamais il ne monterait dans cette machine,
  • de sa présence fine lors d’un accompagnement collectif expérimental en clean space où j’ai vu de mes yeux vu sur le tapis de la salle où nous étions, chacun debout en train d’expérimenter des espaces, à quelques pas de moi, un petit bûcher d’une cinquantaine de centimètres de hauteur sur lequel brulait une Sainte Vierge Marie, une couronne d’épines sur son front, la blessant, et faisant couler des gouttes de sang, Un aspect théâtral de moi, associant le martyre de Jeanne d’Arc et celui de Jésus.
  • de sa patience, lorsqu’après le déjeuner je lui demande de m’aider sur un sujet personnel et qu’il m’accompagne durant plusieurs heures traitant une problématique affective douloureuse. Il revenait environ tous les quarts d’heure, une présence attentive et détachée, passant sa tête pour me demander « Is there anything else that should be here ? » Et moi, assise au sol, de noter sur des dizaines de papiers autour de moi, en lien avec mon objectif qu’il m’avait aidé à formuler. À la fin de cet accompagnement, j’ai écris : « I want a better story », soulagée, heureuse et parfaitement alignée. Il avait fait accoucher de moi un objectif qui s’avèrerait ensuite être une des plus belles et importantes histoires de ma vie. Je n’oublierai pas ce moment, sa présence et sa légèreté, toute angélique, à laquelle je me réfère souvent.
  • de sa générosité quand il y a encore ce moment où il a accepté d’accompagner un de mes clients, non seulement il n’a jamais voulu être payé alors que nous avions proposé un très bon devis, mais en pleine séance s’est éclipsé me disant de clôturer : une marque de confiance qui m’a servi ensuite, je savais faire et mon travail valait quelque chose.

Son esprit m’accompagne il était un être profondément bon et drôle. Il coulait dans ses veines ce sang maori et anglo-saxon qui produisait un mélange parfait de force d’intelligence, d’humour et de beauté d’âme.

Le Clean France prend son autonomie

Après la mort de David en 2008, Jennifer propose au groupe initial dit « Core Group » formé au Clean avec Penny, James et David, d’utiliser une forme collective de certification pour les formateurs sur le principe de l’obtention de six signatures. Chaque membre du groupe a ainsi rassemblé six signatures qui témoignent de sa capacité à diffuser le travail de Clean qu’ils ont reçu. Ce principe collectif de l’évaluation est à la base des autres processus d’évaluation.

Le Core Group va progressivement faire les distinctions suivantes :

  • Facilitateur – 12 jours de formation de base évalués par deux formateurs
  • Maître facilitateur – de l’entraînement et une validation de la posture lors des supervisions de l’université d’été. Validation par trois signatures de formateurs.
  • Formateur en applications du Clean Language (Application Trainer) validé par six formateurs après une démonstration pendant les universités d’été.
  • Formateur en Clean language (General Trainer) validé par six formateurs.

En 2010, Jennifer inaugure le Salon de Printemps du Clean, pour donner une visibilité au Clean Language en France.

Le Core Group s’appelle désormais le collège des experts.

Les membres du collège des experts Clean en France sont aujourd’hui :
Lynne Burney, Sophie de Bryas, Silvie De Clerck, Jennifer de Gandt, Noémie Dehouck, Laure Duthu, Tania Korsak, Nadine Lebeau, Philippe Lemaire, Geoffroy Mathieu, Chloe Nortier, Richard Ouvrard, Bogena Pieskiewicz, Sarah Scarratt, Catherine de Wulf, Nicolas Michelon, Béatrice Bastide.

Soixante-dix neuvième article: Petite histoire du Clean Language en France

Saison 1 : De l’origine à l’émancipation

Origine

Des années 80 aux années 90, David Grove, néo-zélandais, a mené une carrière réussie en tant que psychothérapeute spécialisé dans les traumatismes associés aux vétérans du Vietnam et aux victimes de viol et d’inceste. Il a travaillé dans le monde entier avec sa femme Cai à partir de leur lieu de retraite aux États-Unis.
La thérapie par les métaphores qu’ils ont développée utilisait le Clean Language qui évitait de re-traumatiser le client, une approche innovante à l’époque où l’on croyait généralement que les thérapeutes devraient amener leurs clients à revivre leurs histoires.

Dans les années 90, David Grove et Cai travaillent en Angleterre dans le Lake District. Penny Tompkins et James Lawley, deux formateurs expérimentés en NLP rencontrent David Grove et obtiennent son consentement le modéliser à condition qu’ils ne lui posent aucune question. Leur travail consistera à suivre ses interventions qu’ils enregistrent sur cassettes ! « Dans notre projet de modélisation de David Grove, en deux ans, nous avons découvert qu’il y a une autre façon de représenter notre monde interne et externe.

Nous l’appelons le Modèle des Métaphores, et son « modus operandi » est le Clean Langage » (*)
À partir de leurs analyses, ils offrent leurs premières formations à Londres pour présenter le travail de David à un public plus large. Ils ont baptisé son travail « la modélisation symbolique ».

En 1995 Jennifer de Gandt rencontre David Grove lors d’une de ses retraites personnelles dans le Lake District en Angleterre. Ensuite elle suit Penny Tompkins et James Lawley à Londres. A l’issue de ces rencontres, elle leur demande d’introduire leur travail « la modélisation symbolique » en France et elle les invite à en faire une présentation au congrès NLP en 2000.

 (*) Less is More … The Art of Clean Language, Penny Tompkins and James Lawley (1997) https://www.cleanlanguage.co.uk/articles/articles/109/1/Less-Is-More-The-Art-of-Clean-Language/Page1.html

Premiers praticiens Clean

Jennifer de Gandt organise une première formation en modélisation symbolique à St Germain-en-Laye en mars 2001 pour onze participants dont Philippe Lemaire. La même année, elle commence une formation à Manosque. Marie et Richard Ouvrard, et Martine Sigal y seront formés comme facilitateurs. Jennifer de Gandt accompagnera ensuite Richard Ouvrard pour qu’il devienne formateur en modélisation symbolique.

Jennifer de Gandt organise ensuite des sessions de formation l’été chez elle à La Bouvetière en Normandie entre 2002 et 2005. Penny Tompkins, James Lawley, Phil Swallow et elle-même constituent l’équipe de supervision.

Les personnes formées par Penny Tompkins et James Lawley chez Jennifer de Gandt entre 2002 et 2005 sont :
Ariane Boucherle, Lynn Bullock, Lynne Burney, Sophie de Bryas, Silvie de Clerck, Noémie Dehouck, Catherine De Wulf, Laure Duthu, Nadine Lebeau, Philippe Lemaire, Myriam Mora, Bogena Piekiewicz, Eric von Saenger.

Le Clean se développe et publie en français

En 1997, Penny Tompkins et James publient leur livre sur David Grove «Metaphors in Mind», il sera traduit en français entre 2003 et 2006 par Ariane Boucherle, Sophie De Bryas, Jennifer de Gandt, Noémie Dehouck, Laure Duthu, Nadine Lebeau, Myriam Mora, Françoise Poinçon et Eric Von Saenger sous le titre de « Des métaphores dans la tête », », Dunod InterEditions 2006, réédition en 2017, Paris.

En 2003 Jennifer de Gandt reçoit David Grove en Normandie où il réalise de nombreuses expérimentations. En novembre 2004, David Grove invente le Salon de l’Emergence, un lieu de partage, de recherches et d’expérimentations. Ce travail sur les connaissances émergentes est toujours en cours lors des rencontres « Emergent Knowledge » où il continue à être élargi, partagé et exploité pleinement.

C’est dans cette période que Tania Korsak, Lynn Bullock, Lynne Burney, Noémie Dehouck, Bogena Pieskiewicz et Silvie de Clerk développent des liens directs avec David Grove qui les encourage à développer leurs propres applications.

En parallèle Penny Tompkins et James Lawley mettent en place des règles et des critères pour valider la connaissance de la Modélisation Symbolique qui deviennent une contrainte complexe pour certains participants en France. Cela conduit les membres du groupe à encourager Jennifer de Gandt à développer une communauté française en prenant de la distance avec Penny Tompkins et James Lawley pour favoriser et laisser la place au travail avec David Grove.

Phil Swallow continue cependant à venir régulièrement en France et en 2007 Penny Tompkins et James Lawley viennent présenter le modèle d’application P.R.O (Problème Remède Objectif).
Pendant cette période Penny Tompkins et James Lawley reviennent en France au sein de l’Institut Repère. Nadine ainsi que Noémie continuent à se former à leurs côtés.

Philip Harland qui a longtemps travaillé avec David vient aussi en France, son livre « The power of six » édité en 2009 répond à la demande de David Grove d’une synthèse sur ses derniers travaux. Maurice Brasher coordonne la traduction de son livre avec d’autres membres de la communauté Clean (Mathieu Barbier, Elisabeth Blot, Lynn Bullock, Sophie de Bryas, Silvie de Clerck, Noémie Dehouck, Catherine De Wulf, Laure Duthu, Jean-Pierre Fauchier, Tania Korsak, Nadine Lebeau, Philippe Lecomte, Philippe Lemaire, Myriam Mora, Denis Morin, Bogena Pieskiewicz).

Il devient « Des solutions dans la tête » édité en 2017 chez Dunod InterEditions.

David Grove – Témoignage de Sophie de Bryas

Ce matin là, très tôt le téléphone me réveille, un long numéro s’affiche et une voix que je ne connais pas me demande si je suis Sophie, de France. Dans un anglais à fort accent et très émue une femme me dit que David – « just passed away ». Je me relève de mon lit soudain ébahie et lui demande maladroitement, car je ne veux pas croire ce que j’entends, « Do you mean he is dead ? » Elle répond positivement et donne des détails de son accident cardiaque qui a eu lieu aux États-Unis chez des amis que j’avais eu la chance de rencontrer. Le choc m’empêche de réagir ; j’ai juste le temps de confirmer que je vais transmettre la nouvelle à toutes les personnes qu’il a connu en France, que je ne peux y croire et que je suis effondrée de tristesse, ma gorge se noue, envahie de chagrin.

Mon numéro apparaissait dans son téléphone car il avait prévu de revenir à Paris et j’avais proposé de le loger. Jennifer étant en Inde, j’ai été appelée en premier et donc la seule ici à connaître le drame de son décès. Je contacte immédiatement Myriam Mora que je sais « être »une oreille réconfortante, l’information fait l’effet d’une trainée de poudre dans notre communauté et Lynne Burney propose même de passer me voir ; présence douce de ce morceau du monde d’où vient David, La Nouvelle-Zélande, qu’elle incarne aussi, pays que j’aime déjà sans le connaître.

De David au regard perdu-pétillant, je me souviens de plusieurs moments :

  • d’un déjeuner où je me retrouve à ses côtés et dont je ne comprends pas un seul mot de son discours, il semble parler à lui-même et former des idées tout en s’exprimant,
  • d’une nuit où je dormais au premier étage. Entendant des sons inconnus, je descends et vois David qui au rez-de-chaussée dans la cuisine, en pleine nuit, écoutait des cours de mathématiques debout au milieu de la cuisine,
  • de sa réponse lorsque j’étais hésitante à monter dans son gyroscope, son regard malicieux et mi-figue mi-raisin, tout en me disant qu’au grand jamais il ne monterait dans cette machine,
  • de sa présence fine lors d’un accompagnement collectif expérimental en clean space où j’ai vu de mes yeux vu sur le tapis de la salle où nous étions, chacun debout en train d’expérimenter des espaces, à quelques pas de moi, un petit bûcher d’une cinquantaine de centimètres de hauteur sur lequel brulait une Sainte Vierge Marie, une couronne d’épines sur son front, la blessant, et faisant couler des gouttes de sang, Un aspect théâtral de moi, associant le martyre de Jeanne d’Arc et celui de Jésus.
  • de sa patience, lorsqu’après le déjeuner je lui demande de m’aider sur un sujet personnel et qu’il m’accompagne durant plusieurs heures traitant une problématique affective douloureuse. Il revenait environ tous les quarts d’heure, une présence attentive et détachée, passant sa tête pour me demander « Is there anything else that should be here ? » Et moi, assise au sol, de noter sur des dizaines de papiers autour de moi, en lien avec mon objectif qu’il m’avait aidé à formuler. À la fin de cet accompagnement, j’ai écris : « I want a better story », soulagée, heureuse et parfaitement alignée. Il avait fait accoucher de moi un objectif qui s’avèrerait ensuite être une des plus belles et importantes histoires de ma vie. Je n’oublierai pas ce moment, sa présence et sa légèreté, toute angélique, à laquelle je me réfère souvent.
  • de sa générosité quand il y a encore ce moment où il a accepté d’accompagner un de mes clients, non seulement il n’a jamais voulu être payé alors que nous avions proposé un très bon devis, mais en pleine séance s’est éclipsé me disant de clôturer : une marque de confiance qui m’a servi ensuite, je savais faire et mon travail valait quelque chose.

Son esprit m’accompagne il était un être profondément bon et drôle. Il coulait dans ses veines ce sang maori et anglo-saxon qui produisait un mélange parfait de force d’intelligence, d’humour et de beauté d’âme.

Le Clean France prend son autonomie

Après la mort de David en 2008, Jennifer propose au groupe initial dit « Core Group » formé au Clean avec Penny, James et David, d’utiliser une forme collective de certification pour les formateurs sur le principe de l’obtention de six signatures. Chaque membre du groupe a ainsi rassemblé six signatures qui témoignent de sa capacité à diffuser le travail de Clean qu’ils ont reçu. Ce principe collectif de l’évaluation est à la base des autres processus d’évaluation.

Le Core Group va progressivement faire les distinctions suivantes :

  • Facilitateur – 12 jours de formation de base évalués par deux formateurs
  • Maître facilitateur – de l’entraînement et une validation de la posture lors des supervisions de l’université d’été. Validation par trois signatures de formateurs.
  • Formateur en applications du Clean Language (Application Trainer) validé par six formateurs après une démonstration pendant les universités d’été.
  • Formateur en Clean language (General Trainer) validé par six formateurs.

En 2010, Jennifer inaugure le Salon de Printemps du Clean, pour donner une visibilité au Clean Language en France.

Le Core Group s’appelle désormais le collège des experts.

Les membres du collège des experts Clean en France sont aujourd’hui :
Lynne Burney, Sophie de Bryas, Silvie De Clerck, Jennifer de Gandt, Noémie Dehouck, Laure Duthu, Tania Korsak, Nadine Lebeau, Philippe Lemaire, Geoffroy Mathieu, Chloe Nortier, Richard Ouvrard, Bogena Pieskiewicz, Sarah Scarratt, Catherine de Wulf, Nicolas Michelon, Béatrice Bastide.

Soixante-dix-huitième article: Petite histoire du Clean Language

Petite histoire du Clean Language en France

Saison 1 : De l’origine à l’émancipation

Origine

Des années 80 aux années 90, David Grove, néo-zélandais, a mené une carrière réussie en tant que psychothérapeute spécialisé dans les traumatismes associés aux vétérans du Vietnam et aux victimes de viol et d’inceste. Il a travaillé dans le monde entier avec sa femme Cai à partir de leur lieu de retraite aux États-Unis.
La thérapie par les métaphores qu’ils ont développée utilisait le Clean Language qui évitait de re-traumatiser le client, une approche innovante à l’époque où l’on croyait généralement que les thérapeutes devraient amener leurs clients à revivre leurs histoires.

Dans les années 90, David Grove et Cai travaillent en Angleterre dans le Lake District. Penny Tompkins et James Lawley, deux formateurs expérimentés en NLP rencontrent David Grove et obtiennent son consentement le modéliser à condition qu’ils ne lui posent aucune question. Leur travail consistera à suivre ses interventions qu’ils enregistrent sur cassettes ! « Dans notre projet de modélisation de David Grove, en deux ans, nous avons découvert qu’il y a une autre façon de représenter notre monde interne et externe. Nous l’appelons le Modèle des Métaphores, et son « modus operandi » est le Clean Langage » (*)
À partir de leurs analyses, ils offrent leurs premières formations à Londres pour présenter le travail de David à un public plus large. Ils ont baptisé son travail « la modélisation symbolique ».

En 1995 Jennifer de Gandt rencontre David Grove lors d’une de ses retraites personnelles dans le Lake District en Angleterre. Ensuite elle suit Penny Tompkins et James Lawley à Londres. A l’issue de ces rencontres, elle leur demande d’introduire leur travail « la modélisation symbolique » en France et elle les invite à en faire une présentation au congrès NLP en 2000.

 (*) Less is More … The Art of Clean Language, Penny Tompkins and James Lawley (1997) https://www.cleanlanguage.co.uk/articles/articles/109/1/Less-Is-More-The-Art-of-Clean-Language/Page1.html

Premiers praticiens Clean

Jennifer de Gandt organise une première formation en modélisation symbolique à St Germain-en-Laye en mars 2001 pour onze participants dont Philippe Lemaire. La même année, elle commence une formation à Manosque. Marie et Richard Ouvrard, et Martine Sigal y seront formés comme facilitateurs. Jennifer de Gandt accompagnera ensuite Richard Ouvrard pour qu’il devienne formateur en modélisation symbolique.

Jennifer de Gandt organise ensuite des sessions de formation l’été chez elle à La Bouvetière en Normandie entre 2002 et 2005. Penny Tompkins, James Lawley, Phil Swallow et elle-même constituent l’équipe de supervision.

Les personnes formées par Penny Tompkins et James Lawley chez Jennifer de Gandt entre 2002 et 2005 sont :
Ariane Boucherle, Lynn Bullock, Lynne Burney, Sophie de Bryas, Silvie de Clerck, Noémie Dehouck, Catherine De Wulf, Laure Duthu, Nadine Lebeau, Philippe Lemaire, Myriam Mora, Bogena Piekiewicz, Eric von Saenger.

Le Clean se développe et publie en français

En 1997, Penny Tompkins et James publient leur livre sur David Grove «Metaphors in Mind», il sera traduit en français entre 2003 et 2006 par Ariane Boucherle, Sophie De Bryas, Jennifer de Gandt, Noémie Dehouck, Laure Duthu, Nadine Lebeau, Myriam Mora, Françoise Poinçon et Eric Von Saenger sous le titre de « Des métaphores dans la tête », », Dunod InterEditions 2006, réédition en 2017, Paris.

En 2003 Jennifer de Gandt reçoit David Grove en Normandie où il réalise de nombreuses expérimentations. En novembre 2004, David Grove invente le Salon de l’Emergence, un lieu de partage, de recherches et d’expérimentations. Ce travail sur les connaissances émergentes est toujours en cours lors des rencontres « Emergent Knowledge » où il continue à être élargi, partagé et exploité pleinement.

C’est dans cette période que Tania Korsak, Lynn Bullock, Lynne Burney, Noémie Dehouck, Bogena Pieskiewicz et Silvie de Clerk développent des liens directs avec David Grove qui les encourage à développer leurs propres applications.

En parallèle Penny Tompkins et James Lawley mettent en place des règles et des critères pour valider la connaissance de la Modélisation Symbolique qui deviennent une contrainte complexe pour certains participants en France. Cela conduit les membres du groupe à encourager Jennifer de Gandt à développer une communauté française en prenant de la distance avec Penny Tompkins et James Lawley pour favoriser et laisser la place au travail avec David Grove.

Phil Swallow continue cependant à venir régulièrement en France et en 2007 Penny Tompkins et James Lawley viennent présenter le modèle d’application P.R.O (Problème Remède Objectif).
Pendant cette période Penny Tompkins et James Lawley reviennent en France au sein de l’Institut Repère. Nadine ainsi que Noémie continuent à se former à leurs côtés.

Philip Harland qui a longtemps travaillé avec David vient aussi en France, son livre « The power of six » édité en 2009 répond à la demande de David Grove d’une synthèse sur ses derniers travaux. Maurice Brasher coordonne la traduction de son livre avec d’autres membres de la communauté Clean (Mathieu Barbier, Elisabeth Blot, Lynn Bullock, Sophie de Bryas, Silvie de Clerck, Noémie Dehouck, Catherine De Wulf, Laure Duthu, Jean-Pierre Fauchier, Tania Korsak, Nadine Lebeau, Philippe Lecomte, Philippe Lemaire, Myriam Mora, Denis Morin, Bogena Pieskiewicz). Il devient « Des solutions dans la tête » édité en 2017 chez Dunod InterEditions.

David Grove – Témoignage de Sophie de Bryas

Ce matin là, très tôt le téléphone me réveille, un long numéro s’affiche et une voix que je ne connais pas me demande si je suis Sophie, de France. Dans un anglais à fort accent et très émue une femme me dit que David – « just passed away ». Je me relève de mon lit soudain ébahie et lui demande maladroitement, car je ne veux pas croire ce que j’entends, « Do you mean he is dead ? » Elle répond positivement et donne des détails de son accident cardiaque qui a eu lieu aux États-Unis chez des amis que j’avais eu la chance de rencontrer. Le choc m’empêche de réagir ; j’ai juste le temps de confirmer que je vais transmettre la nouvelle à toutes les personnes qu’il a connu en France, que je ne peux y croire et que je suis effondrée de tristesse, ma gorge se noue, envahie de chagrin.

Mon numéro apparaissait dans son téléphone car il avait prévu de revenir à Paris et j’avais proposé de le loger. Jennifer étant en Inde, j’ai été appelée en premier et donc la seule ici à connaître le drame de son décès. Je contacte immédiatement Myriam Mora que je sais « être »une oreille réconfortante, l’information fait l’effet d’une trainée de poudre dans notre communauté et Lynne Burney propose même de passer me voir ; présence douce de ce morceau du monde d’où vient David, La Nouvelle-Zélande, qu’elle incarne aussi, pays que j’aime déjà sans le connaître.

De David au regard perdu-pétillant, je me souviens de plusieurs moments :

  • d’un déjeuner où je me retrouve à ses côtés et dont je ne comprends pas un seul mot de son discours, il semble parler à lui-même et former des idées tout en s’exprimant,
  • d’une nuit où je dormais au premier étage. Entendant des sons inconnus, je descends et vois David qui au rez-de-chaussée dans la cuisine, en pleine nuit, écoutait des cours de mathématiques debout au milieu de la cuisine,
  • de sa réponse lorsque j’étais hésitante à monter dans son gyroscope, son regard malicieux et mi-figue mi-raisin, tout en me disant qu’au grand jamais il ne monterait dans cette machine,
  • de sa présence fine lors d’un accompagnement collectif expérimental en clean space où j’ai vu de mes yeux vu sur le tapis de la salle où nous étions, chacun debout en train d’expérimenter des espaces, à quelques pas de moi, un petit bûcher d’une cinquantaine de centimètres de hauteur sur lequel brulait une Sainte Vierge Marie, une couronne d’épines sur son front, la blessant, et faisant couler des gouttes de sang, Un aspect théâtral de moi, associant le martyre de Jeanne d’Arc et celui de Jésus.
  • de sa patience, lorsqu’après le déjeuner je lui demande de m’aider sur un sujet personnel et qu’il m’accompagne durant plusieurs heures traitant une problématique affective douloureuse. Il revenait environ tous les quarts d’heure, une présence attentive et détachée, passant sa tête pour me demander « Is there anything else that should be here ? » Et moi, assise au sol, de noter sur des dizaines de papiers autour de moi, en lien avec mon objectif qu’il m’avait aidé à formuler. À la fin de cet accompagnement, j’ai écris : « I want a better story », soulagée, heureuse et parfaitement alignée. Il avait fait accoucher de moi un objectif qui s’avèrerait ensuite être une des plus belles et importantes histoires de ma vie. Je n’oublierai pas ce moment, sa présence et sa légèreté, toute angélique, à laquelle je me réfère souvent.
  • de sa générosité quand il y a encore ce moment où il a accepté d’accompagner un de mes clients, non seulement il n’a jamais voulu être payé alors que nous avions proposé un très bon devis, mais en pleine séance s’est éclipsé me disant de clôturer : une marque de confiance qui m’a servi ensuite, je savais faire et mon travail valait quelque chose.

Son esprit m’accompagne il était un être profondément bon et drôle. Il coulait dans ses veines ce sang maori et anglo-saxon qui produisait un mélange parfait de force d’intelligence, d’humour et de beauté d’âme.

Le Clean France prend son autonomie

Après la mort de David en 2008, Jennifer propose au groupe initial dit « Core Group » formé au Clean avec Penny, James et David, d’utiliser une forme collective de certification pour les formateurs sur le principe de l’obtention de six signatures. Chaque membre du groupe a ainsi rassemblé six signatures qui témoignent de sa capacité à diffuser le travail de Clean qu’ils ont reçu. Ce principe collectif de l’évaluation est à la base des autres processus d’évaluation.

Le Core Group va progressivement faire les distinctions suivantes :

  • Facilitateur – 12 jours de formation de base évalués par deux formateurs
  • Maître facilitateur – de l’entraînement et une validation de la posture lors des supervisions de l’université d’été. Validation par trois signatures de formateurs.
  • Formateur en applications du Clean Language (Application Trainer) validé par six formateurs après une démonstration pendant les universités d’été.
  • Formateur en Clean language (General Trainer) validé par six formateurs.

En 2010, Jennifer inaugure le Salon de Printemps du Clean, pour donner une visibilité au Clean Language en France.

Le Core Group s’appelle désormais le collège des experts.

Les membres du collège des experts Clean en France sont aujourd’hui :
Lynne Burney, Sophie de Bryas, Silvie De Clerck, Jennifer de Gandt, Noémie Dehouck, Laure Duthu, Tania Korsak, Nadine Lebeau, Philippe Lemaire, Geoffroy Mathieu, Chloe Nortier, Richard Ouvrard, Bogena Pieskiewicz, Sarah Scarratt, Catherine de Wulf, Nicolas Michelon, Béatrice Bastide

Soixante-dix septième article : explications du fonctionnement de mon système économique

Bonjour à tous et toutes

Quelques éléments pour clarifier la proposition qui est faite pour la contribution financière de mes ateliers en ligne. 

Et si mes ressources sont très limitès ou inexistantes ?
Dans ce cas, vous pouvez peut être contribuer à votre accompagnement d’une autre manière que financièrement, et je laisse à votre créativité le soin d’exprimer la meilleure façon de le faire.
J’ai aussi la confiance que parmi les personnes plus aisées certaines auront à cœur de contribuer à votre accompagnement.

3 cas de figures qui s’offre à vous et qui tient compte de :

  1. Votre situation financière
  2. Votre satisfaction
  3. Mes coulisses et ma situation

J’imagine que si vous lisez ce texte c’est que vous voulez en savoir un peu plus sur la contribution financière.

Pourquoi je propose un prix libre dans une certaine fourchette, plutôt qu’un prix fixe, sur lequel vous seriez d’accord ou pas d’accord.

Il y a trois raisons à cela.

  1. La première raison c’est que j’ai envie que le choix que vous allez faire tienne compte de votre propre situation financière, il y a des personnes qui vivent dans une certaine précarité ou qui ont de grosses dépenses avec des enfants, là où d’autres ont plus de revenus et peuvent notamment plus se permettre de donner la fourchette haute que je propose, je fais ce choix car j’ai envie que la communication non-violente puisse être accessible à un maximum de personnes. Et en particulier avec des personnes avec peu de revenus. Et actuellement le prix des formations est un frein voire un motif de renoncement pour beaucoup de personnes.
  2.   La deuxième raison c’est que j’ai envie que le choix que vous faites s’appuie sur la satisfaction que vous aurez vécu au travers de l’atelier.

J’ai envie de relever le défi dont vous abordez ce sujet, la thématique que je vais transmettre ou le groupe de pratique que je vais proposer d’une façon qui va vous enrichir. Qui va contribuer pour vous.

Donc si vous êtes embêté par mon atelier, je vous invite à choisir un prix pour lequel cela serait quand même joyeux pour vous de le donner.

Et j’imagine que cela pourrait être plus bas que si vous aviez été absolument ravi.

  1. La troisième raison, pour ces 2 premiers points je ne peux pas le savoir à votre place. Et c’est en cela que je vous laisse choisir. C’est aussi vous faire découvrir un peu de mon côté. C’est ma propre situation financière.

J’ai arrêté d’être formateur et enseignant, j’ai subi un cancer de l’oropharynx depuis 1997. Et j’avais envie de réaliser mon rêve et envie de me donner un peu plus d’espoir, pour l’humanité, pour ma famille, pour les entreprises.

Je n’ai pas d’autres emplois que de se dédier à cette activité.

Et pour tant j’ai des dépenses qui sont fixes qui sont l’entretien de ma maison, payer une association d’aides pour l’entretien de ma maison et de mon jardin. Que cela soit la location de l’entretien de ma salle et la location de mes webinaires zoom, et logiciels, blog wordpress professionnel et autres dispositifs pour faire du marketing, mes formations CNV et CLEAN LANGUAGE.

Un peu ce qui se passe en coulisse dans mes ateliers.

Pour une heure d’atelier que nous allons faire ensemble, je vais passer plusieurs heures, voir passer plusieurs dizaines d’heures pour préparer un contenu qui va me satisfaire.

Et il va se passer des semaines, voire des mois, pas à temps complet pour une seule journée thématique. 

Donc en résumé: c’est du temps et de l’énergie. C’est quelque chose en tant qu’ancien professeur que j’adore.

Et il y  a des éléments sur lesquels c’est un peu moins ma passion.

  1. Je pense à la gestion des inscriptions
  2. La communication : qu’est-ce qu’il y a à faire, qui fait que cette formation est arrivée jusqu’à vous (cela je le fais car c’est parler un peu plus de ma passion et en même temps je ne suis pas extrêmement passionné.

Donner votre contribution financière c’est aussi à m’encourager à continuer et me donner de l’énergie pour continuer.

  • Communiquer, en parler, préparer du contenu.

Maintenant je vous laisse faire votre choix. Je vous rappelle les trois choix : Votre propre situation financière, votre situation   et ma situation financière et mes coulisses : dans ce cas-là le paiement se fait par PAYPAL

Deuxième possibilité de payer mes prestations sur Weezevent

4 cas de figures

  1. Tarif normal du module : 54 €
  2. Je suis abonné : gratuit
  3. 6 mois d’accès aux offres On Line
  4. 1 an d’accès aux offres On Line

Pour les interventions à la journée

200 euros HT par jour soit 259,20 TTC

Les actions de formation professionnelle sont exonérées de TVA.

Entretiens et cercles de médiation

  • entre 64 et 100 € HT / heure, soit 80 à 120 € TTC

Soixante-seize article de blog : 𝑳𝒆𝒔 𝒂𝒕𝒆𝒍𝒊𝒆𝒓𝒔 𝒅𝒆́𝒄𝒐𝒖𝒗𝒆𝒓𝒕𝒆 Pose ta carte

CLEAN COACHING

𝑳𝒆𝒔 𝒂𝒕𝒆𝒍𝒊𝒆𝒓𝒔 𝒅𝒆́𝒄𝒐𝒖𝒗𝒆𝒓𝒕𝒆 Pose ta carte

𝑼𝒏𝒆 𝒕𝒉𝒆́𝒎𝒂𝒕𝒊𝒒𝒖𝒆, 𝒖𝒏 𝒑𝒆𝒖 𝒅𝒆 𝒕𝒉𝒆́𝒐𝒓𝒊𝒆 𝒆𝒕 𝒅𝒆 𝒍𝒂 𝒑𝒓𝒂𝒕𝒊𝒒𝒖𝒆

A l’ordre du jour:

📝Découvrir ce qui se cache derrière les termes Clean Coaching, Clean Language Clean Space….

🌄Vivre l’exploration de son paysage métaphorique

👯D‍e la pratique pour expérimenter le Clean Language dans les rôles de clients et de facilitateur.

Jeudi 08  septembre de 17h30 à 19h

Gratuit – sur réservation 👉

À propos de cet évènement

Le Clean Language est une technique de questionnement minimaliste développée par David Grove.

Adapté au coaching, il permet une posture de facilitateur transparente, allégée d’influence, pleinement respectueuse du client et de son univers.

Cet atelier découverte, expérientiel, sera animé par Bruno TISON Superviseur, coach élève de Philippe Lemaire, et membre du Collège du Clean Language France.

Vous y expérimenterez alternativement les positions de client et de facilitateur.

Soixante-quinzième article de blog: Qu’est-ce que le Clean Language

Clean Language

C’est une technique de questionnement qui s’adresse directement à la métaphore du client.

D’apparence facile car les questions Clean sont celles que nous utilisons au quotidien, il se compose d’une douzaine de questions, d’une modulation de la voix et de la répétition exacte de mots du client dans une syntaxe particulière.

Cette technique rend possible et facile le dialogue dans le cadre imposé par la métaphore personnelle.

Les questions se distinguent des questions courantes par leur forme qui est concrète, minimaliste et directe. Reprenons l’exemple de l’enfant qui ne veut pas rester à table.

Les questions Clean qui pourraient lui être posées ressembleraient à cela :

  • Concrète, la question Clean s’adresse à un seul élément d’information comme si c’était un objet sensoriel que l’on peut voir, entendre, ressentir et décrire en mots, dessiner ou montrer par geste. Ce qui permet de formuler la question sur le verbe rester de manière suivante : Quel genre de rester est-ce rester ?
  • Minimaliste, la question clean n’a ni sous-entendu ni suggestion. Ainsi la question précédente peut être suivie d’une autre question qui interpelle le même élément : Y-a-t-il autre chose à propos de rester ?
  • Directe, une question Clean oriente l’attention dans une direction nouvelle pour le client : Qu’est-ce qui se passe juste avant de rester ?

12 questions de base :

QU’EST-CE QUE LA QUESTION CHERCHE À DÉFINIR ?X, Y : ÉLÉMENTS DANS LA MÉTAPHORE OU SYMBOLES
AttributsQuel genre de X est ce X?
Y a-t-il autre chose à propos de X ?
LocalisationOù est ce X ?
MétaphoreEt [résumer les réponses], c’est comme quoi ?
RelationY a-t-il une relation entre X et Y ?
Et quand X, qu’est-ce qui arrive à Y ?
TempsQu’est-ce qui se passe après X ?
Qu’est-ce qui se passe juste avant X ?
SourceD’où pourrait venir X ?
IntentionQu’est-ce que X aimerait qu’il arrive ?
ConditionEst-ce que X peut ?
Qu’est-ce qu’il doit se passer pour X ?

Sources:

  • Livre de Bogena Pieskiekiewicz 2 éme Editon
  • Des métaphores dans la tête de James Lawley et Penny Tompkins
  • Cours de Philippe Lemaire

Soixante-quatorzième article de blog : Nos activités s’inscrivent dans le cadre plus large de la Justice Restaurative que nous présentons ici brièvement.

Pourquoi la Justice Restaurative en cinq questions ?

1–Qu’entend-on habituellement par Justice ? 

Le mot Justice revêt deux principaux sens (source : Dictionnaire Le Robert)

  1. Une Juste appréciation, reconnaissance et respect des droits et du mérite de chacun. Agir avec justice.
  2. Un principe moral de conformité au droit. Faire régner la justice.

Dans le cadre de nos institutions, la Justice constitue à la fois un idéal philosophique et moral, l’exercice d’une activité (juger) et un ensemble d’institutions (les institutions judiciaires).

 (source : https://www.vie-publique.fr)

Elle est l’action par laquelle les autorités compétentes font respecter la loi et les droits d’autrui. 

Le Droit, à travers des textes de lois, définit les droits et les obligations de chacun pour nous permettre de vivre tous ensemble

(source : https://www.avocats.paris/faq/quest-ce-que-la-justice)

L’état détient ici le monopole de la violence légitime (Weber) dans le cadre de la Loi pour assurer à la fois notre sécurité et notre liberté

(source:https://la-philosophie.com/letat-detient-le-monopole-de-la-violence-legitime-weber)

2 –Qu’est-ce que la Justice Restaurative?

Dans sa dimension Restaurative, la justice peut se définir comme le maintien d’une forme d’équilibre dans la coexistence. Il ne s’agit plus ici de juger et de punir mais d’un processus de dialogue particulier qui facilite l’émergence d’une action transformatrice qui rend possible ce nouvel équilibre. 

Le terme Restauratif fait ici référence aux relations suite à un conflit, les Restaurer c’est :

  • se reconnecter à soi, aux autres et dans certains cas à un groupe de personnes avec qui je suis en relation de manière durable
  • comprendre les causes du conflit et permettre à chacun de prendre sa part de responsabilité
  • mettre en œuvre un plan d’action concret pour adresser les causes du conflit et prendre en compte les besoins de chacun

Il existe des exemples réussis de Justice Restaurative dans de nombreux pays depuis maintenant une quarantaine d’années qui permettent d’apaiser les relations et les souffrances et dans la mesure du possible de retrouver un équilibre entre les acteurs.

A travers les très nombreuses approches Restauratives, la satisfaction des acteurs du conflit est accrue et dans la majorité des cas le taux de récidive diminue.  

Par exemple

 : https://docplayer.fr/19956274-Vers-la-paix-et-la-justice-au-bresil-dominic-barter-et-les-cercles-restauratifs.html

Par ailleurs, l’anthropologie permet la redécouverte de pratiques traditionnelles de régulation des conflits. Il ressort  clairement que dans la grande majorité des peuples premiers, quand une personne commet un acte délictueux c’est parce qu’elle s’est coupée de la société, de la communauté. Et le fait de commettre cet acte va encore l’en éloigner. Or c’est pour ces sociétés une mauvaise chose pour une communauté de se démembrer. Chaque acteur de la communauté prend ici sa part de responsabilité dans la restauration des relations, tout cela pour re-créer de l’harmonie. 

Pour aller plus loin : Des sources de la Justice Restaurative à la situation actuelle :  https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2012-2-page-223.htm#

Notons que dans ses travaux, Dominic Barter parle de donneurs et de receveurs d’actes. Il ne s’agit en effet pas de juger qui que soit et de nombreuses situations sont complexes. En tant un donneur qu’un receveur d’acte peut par exemple se sentir victime de ce qui s’est passé. 

Pour en savoir plus sur les travaux de Dominic Barter : https://cerclesrestauratifs.org/wiki/Accueil

Avec de nombreuses ressources en anglaishttp://www.restorativecircles.org/systems-and-facilitation

3 – Pourquoi le système actuel de Justice cherche à intégrer une dimension Restaurative ? 

Le système de justice actuel régule les relations sociales à travers un prisme « coupable / victime ».

Cette vision reflète notre réflexe culturel de départager des personnes en conflit en tranchant de façon binaire « qui a tort? / qui a raison? » en fonction de « règles » qui ne peuvent toujours intégrer toute la complexité d’une situation. 

Si les pratiques qui en découlent ont le mérite de trancher les conflits dans un cadre bien défini, c’est parfois au prix de profondes insatisfactions pour plusieurs raisons :    

  • La décision tranchant « qui a tort et qui a raison »  est prise en fonction de principes théoriques, juridiques ou moraux, certes estimables, mais qui laissent de côté certaines dimensions du conflit et peuvent conduire à exacerber les tensions entre les parties. Les parties « adverses » développent des stratégies par rapport à leur propres intérêts qui peuvent aller à l’encontre de la reconnexion et la compréhension mutuelle. 
  • Une profonde déception des victimes d’un point de vue psychologique, dont la souffrance n’est pas apaisée par la punition de l’auteur. La victime reste avec de la peur ou une envie de vengeance.
  • La punition n’amène pas l’auteur à la conscience de ce que la victime a vécu et il n’est pas entendu dans ce qui l’a amené à agir ainsi. D’où le plus souvent une exclusion des auteurs et un échec des politiques de répression / objectif de paix social qui se traduit par un taux élevé de récidive (en France, 63% de condamnation après une incarcération – source Observatoire International des Prisons )
  • Si la décision s’impose aux parties, le problème d’exécution n’est pas exclus; autrement dit tout n’est pas réglé. C’est ce qui a par exemple pu faire dire à un juge que  » Le meilleur jugement est celui qui n’est jamais appliqué  » , dans le sens où les parties se sont entendues pour trouver leur propres arrangements. 
  • Les personnes qui ne sont pas au centre du conflit ou de l’acte mais néanmoins touchées émotionnellement ne sont pas prises en compte
  • La longueur, la complexité et le coût … des procédures judiciaires  

4 – Comment le système de Justice évolue pour intégrer une dimension Restaurative ?

En France, la LOI n° 2014-896 du 15 août 2014 prévoit que « A l’occasion de toute procédure pénale et à tous les stades de la procédure, y compris lors de l’exécution de la peine, la victime et l’auteur d’une infraction, sous réserve que les faits aient été reconnus, peuvent se voir proposer une mesure de justice restaurative.« https://www.legifrance.gouv.fr/codes/id/LEGISCTA000029370752/2014-10-01

Ce besoin de restauration des relations est aujourd’hui assez largement relayé  par le ministère de la Justice

En 2013 est créé l’Institut Français pour la Justice Restaurative (IFJR), une organisation dédiée au développement d’une justice restaurative, dans le champ pénal et hors du champ pénal, respectueuse des plus fortes valeurs consacrant le respect de la personne humaine. 

Au delà de ses activités de formation, d’accompagnement, d’aide aux programme … l’IFJR publie un rapport sur les mesures de Justice Restauratives en France. Il existe de nombreuse formes d’initiatives vers une Justice Restaurative, voir par exemple le site de l’IFJR.  

De nombreux avocats par exemple se forment à la médiation. 

Que ce soit au Civil ou au Pénal, les deux approches (« classique / étatique » et « Restaurative / collective ») peuvent utilement se compléter et converger vers un système de Justice qui vise efficacement à « retrouver un équilibre dans la coexistence » de manière pérenne; tant de manière préventive que suite à un conflit. 

C’est le cas par exemple dans certains districts au Brésil ou quand les policiers interpellent des jeunes, ils ont le choix entre les emmener au poste de police ou dans une école où un Cercle Restauratif est organisé. Les évaluations ont montré que là où la Justice Restaurative est active sous la forme de Cercles Restauratifs, on constate une réduction de 50 % du nombre de cas où les jeunes sont amenés devant un juge et que plus de 90% des conflits traités avec les cercles ont été résolus à la satisfaction des personnes interrogées. 

https://www.iirp.edu/news/toward-peace-and-justice-in-brazil-dominic-barter-and-restorative-circles

Au Canada, un pays pionnier dans ce domaine, des programmes de Justice Restaurative permettent à l’auteur et la victime, s’ils le souhaitent, d’entreprendre une démarche restaurative indépendante du système pénal « classique ». Suite à cette démarche, un juge revoit et valide les actions décidés.

C’est ainsi par exemple que auteur et victime peuvent « librement » décider un emprisonnement (généralement d’assez courte durée) s’il considèrent que cela contribue à retrouver un équilibre. Il ne s’agit pas ici d’une punition, mais d’une action décidée par l’ensemble des parties et qui a ainsi un tout autre sens.    https://oip.org/analyse/canada-une-justice-restaurative-qui-joue-sur-la-peine/

5 – D’autres motivations pour le développement d’une Justice Restaurative ?

Au delà des limites du système judiciaire actuel que nous avons vu, on constate un recours accru à ce même système qui se traduit en particulier par l’augmentation du nombre de lois (voir ci-dessus), de saisines des tribunaux, d’avocats (de 40 à 70000 depuis 2002), d’incarcérations (voir ci-dessous) ….

Il existe à l’évidence une profonde relation entre notre système de justice, l’utilisation que nous en faisons, notre relation à nous-même, aux autres et à la société. 

C’est le cas par exemple dans :    

  • Notre relation à la culpabilité, ou la recherche d’une personne à qui revient la faute quand la situation est en fait souvent bien plus complexe … 
  • Notre recherche d’un juge pour trancher plutôt qu’un dialogue, une compréhension mutuelle, une responsabilisation de chacun et une solution adaptée. 

Pour finir, les nombreux enjeux environnementaux, sociaux, sanitaires … présents et à venir sont autant de sources de conflits. 

Cela n’est-il pas une motivation supplémentaire pour apprendre individuellement et collectivement à accueillir et transformer les conflits ? Peu importe le contexte (famille, association, entreprise, collectivités de toutes tailles …), notre perception, notre relation au conflit n’est-elle pas au moins en grande partie la même ?

Soixante-treizième article de blog: Qu’est-ce qu’une raison d’être ? 

La loi dite “PACTE” invite les entreprises à formuler une raison d’être. Une raison d’être est une phrase ou un petit paragraphe qui explicite la mission qu’une entreprise se fixe. La raison d’être n’est pas la réponse au “comment ?”, ce n’est pas un slogan non plus, ni une orientation stratégique ou un positionnement marketing.

La raison d’être vient plutôt questionner le rôle des entreprises dans la société.

La raison d’être a une valeur juridique !

Chaque société dispose de statuts. Les statuts doivent être établis par écrit. Ils déterminent, outre les apports de chaque associé.e., la forme, l’objet, l’appellation, le siège social, le capital social, la durée de la société et les modalités de son fonctionnement.

Le Code Civil indique maintenant que “les statuts peuvent préciser une raison d’être, constituée des principes dont la société se dote et pour le respect desquels elle entend affecter des moyens dans la réalisation de son activité.

Article 1835 du code civil : Modifié par LOI n°2019-486 du 22 mai 2019 – art. 169

La raison d’être de la Maïf :

Convaincus que seule une attention sincère portée à l’autre et au monde permet de garantir un réel mieux commun, nous la plaçons au cœur de chacun de nos engagements et de chacune de nos actions. C’est notre raison d’être.

Semawe dit  : “cette jolie phrase n’est pas une raison d’être mais plutôt une bonne résolution, ou du moins répond à la question du comment plus qu’à la question du pourquoi. Elle parle de la façon dont la Maïf entend mettre en oeuvre sa raison d’être.

Pour donner des exemples de raison d’être, nous pouvons citer :

  • Lego : « Inspirer et développer les constructeurs de demain ».
  • Decathlon : « Le sport partout, pour tous ».
  • Google : « Rendre les informations accessibles et utiles à tous ».
  • Essilor : « Améliorer la vision pour améliorer la vie ».

La raison d’être manifeste la façon dont une organisation ou une entreprise considère son utilité dans le monde : répond-t-elle à un intérêt collectif ?

Prend-elle en compte le territoire sur lequel elle vit ?

Est-elle consciente des enjeux sociaux et environnementaux liés à son activité ?

Finalement la raison d’être est une réponse à la question : à quoi servent les entreprises ?  

Retrouver du sens dans son organisation

Pour une entreprise ou une organisation, exprimer sa raison d’être est un acte fort et engageant car elle définit la raison de son existence. Il s’agit pour les entreprises de revenir à l’essence de leur activité. Ce sens permet aux entreprises d’orienter leurs choix stratégiques. Il devient une source d’inspiration pour les membres de l’organisation.

De fait, la raison d’être répond au besoin indispensable au bonheur et à la réalisation de soi : trouver du sens dans son occupation professionnelle.

La raison d’être répond à la question du pourquoi. Une façon simple de vérifier qu’une raison d’être exprime bien un but ultime, est de vérifier si une fois ce but atteint, l’organisation pourrait disparaître par inutilité.

Une fois que le pourquoi de l’existence d’une organisation est posé, elle peut de façon cohérente définir comment elle parvient à son but et enfin ce qu’elle fait

Poser les bases d’une gouvernance partagée 

La raison d’être d’une organisation devient la ligne directrice et se trouve à la source de la gouvernance. De fait, c’est le système de gouvernance d’une organisation qui vient servir la raison d’être, et non l’inverse.

L’émergence de la raison d’être d’une entreprise est le fondement de tout mouvement de libération d’une organisation ou de la mise en place d’une gouvernance partagée, comme Holacracy par exemple. Pour que les individus soient libres et responsables d’entreprendre les actions qu’ils jugent bonnes pour l’organisation, ils doivent pouvoir vérifier par leur propre jugement que ces actions servent la raison d’être.

Une raison d’être évolutive

Nous sommes convaincus qu’une raison d’être exprimée peut évoluer, mûrir, se densifier, s’élargir ou au contraire se recentrer davantage, au gré des évolutions d’une entreprise. Les entreprises sont des organismes vivants, elles s’adaptent à leur environnement et sont aussi l’expression d’une culture commune et d’interaction entre des parties prenantes qui elles aussi évoluent.

Assez naturellement, une raison d’être devrait gagner en force et en concision avec le temps.

Sources: cet article est inspiré de Semawe dont voici les coordonnées. Vous y trouverez les excellents articles de Semawe ici https://semawe.fr/le-journal/

Cet article a été écrit suite au mooc Gouvernance partagée de l’UDN et il cherchait à illustrer mes suivis de cours.

Scop Semawe – Accompagnement des organisations vers la coopération Grenoble – 04 86 65 26 22 Avignon – 09 72 30 78 34

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